oeuvre-tapis « Odyssée »
Oeuvre-tapis « Odyssée », 2021
Escalier Murat , Palais de l’Elysée
par l’artiste Nathalie Junod Ponsard
en partenariat avec le Mobilier National
Photos 1, 2 & 3 © Thibaut Chapotot
Photos 4, 5 & cover © Guillaume Thomas
Texte de Nathalie Junod Ponsard
www.nathalie-junodponsard.com
Introduction : Mobilier National
Représentative de l’excellence des arts décoratifs français, l’oeuvre «Odyssée» de Nathalie Junod Ponsard créée en partenariat avec le Mobilier National orne désormais le célèbre escalier Murat du vestibule d’honneur de la résidence présidentielle
Dans cette œuvre spécifique l’escalier Murat devient le sujet d’un parcours, d’un déplacement durant lequel la montée ou la descente sont accompagnées d’une énergie particulière produite visuellement par des passages entre chromatiques choisies. Odyssée semble se dérouler sous nos pas. Faire circuler la fluidité autour et dedans cet espace crée une transparence lumineuse du lieu. Les longueurs d’onde de la lumière ainsi que la variation lumineuse, matières premières de mes œuvres, sont matérialisées par les couleurs teintes de la laine et les passages insaisissables d’une couleur à l’autre. Cet escalier en trois volées réunies par un palier médian devient un espace en expansion, l’œuvre-tapis Odyssée offre des seuils sensoriels.
Produire un sensorium différent
Au sein de mes œuvres ou installations lumineuses je réalise un programme où l’état de la couleur est soumis à des variations en fonction de la modification de deux variables, chromatique et électrique, qui aident à passer des seuils d’intensité et insufflent dans le site de nouvelles énergies. Celles-ci entrainent des sensations qui varient et évoluent. Mes œuvres provoquent tour à tour un sentiment d’attraction, de flottement, puis d’émerveillement. J’élabore une fiction immersive en modifiant de diverses manières notre vision rétinienne et ainsi nos sensations. Dans une recherche de synchronisation du lieu et de l’œuvre l’expérience de l’espace dans sa nouvelle configuration lumineuse et chromatique devient expérience physique et esthétique.
Depuis l’entrée du Palais de l’Élysée le premier escalier est comme un passage de la nuit au jour : le bleu-violet très foncé et intense se change peu à peu en un bleu cyan clair, phénomène perçu en se déplaçant. Le palier nous accueille dans un mouvement d’ondulation matérialisé par le bleu outre-mer venant se fondre dans le rouge. Puis, les deux volées supérieures se voient métamorphosées depuis le bleu jusqu’au rouge pour l’une, du bleu à l’orange pour l’autre en passant par de subtiles nuances annonçant la transformation unique de ces couleurs opposées et contrastées dans un continuum spatial.
Le vivant est mouvement, énergie
Nos yeux ont des récepteurs très sensibles aux bleus. Dans le monde du vivant il y a 800 millions d’années la première rétine ne voyait que le bleu, puis le jaune fut visible. Et plus tard la vision du rouge entouré de bleu est apparue.
L’or a pour couleur complémentaire le bleu foncé, souhaitant inclure dans l’œuvre les palmes dorées des garde-corps le dégradé bleu leur sert d’écrin. D’un autre côté, les palmes par leur couleur brillante et lumineuse sertissent les tapis de l’ensemble de l’escalier reprenant ainsi l’idée des cadres dorés des peintures qui à l’époque de la Renaissance servaient à réfléchir la lumière sur l’oeuvre peinte. Chaque palmette reflète la couleur unique de chaque marche.
Dans ce programme pictural de l’œuvre Odyssée les modifications chromatiques et fluides circulent et glissent en créant une réflexion colorée, elles agissent comme des énergies nouvelles dans une immersion polychromatique. L’œuvre apparait comme si nous marchions sur la lumière et ses variations chromatiques fondues.